Karlos Santamaria eta haren idazlanak

 

Le Christ et la nuit

 

Semaine des Intellectuels Catholiques, 1959

 

      Aujourd'hui c'est vraiment au sommet de notre Semaine que nous arrivons.

      Parce que le mystère du Christ est la cime, le faîte, et le couronnement du mystère.

      Non seulement il est le plus grand de tous les mystères, mais encore il est leur somme et leur point de convergence.

      C'est véritablement là où ils se retrouvent tous, où ils deviennent quelque chose de mystérieusement cohérent et de divinement articulé.

      Le mystère de la grâce et celui du péché.

      Le mystère de la souffrance et celui de la joie.

      Le mystère de l'immanent et celui du transcendant.

      Le mystère de Dieu et celui de l'homme.

      Le mystère du Christ est donc le mystère des mystères, le point de ralliement de tous les mystères, le plus grand ralliement qu'on aie jamais connu.

      Il est comme le noeud des mystères, qui les empêche de se séparer les uns des autres et en fait réellement un tout.

      Ã€ la vérité, ce ne sont pas les mystères, eux-mêmes, qui ont tendance à se séparer, mais nous, les hommes, qui tâchons toujours, quoique vainement, de les décomposer pour les comprendre.

      La raison analytique est une étrange machine à découper le réel.

      Elle en fait des petits morceaux et parfois, même, dans l'ardeur du travail, elle arrive à le pulvériser, de sorte qu'on devient aveugle à cause de cette poudre et qu'on finit par n'y plus rien voir.

      Je vous confesse que je n'en suis pas un enthousiaste, tout en reconnaissant la nécessité absolue de cet instrument-là, et j'espère qu'au ciel il n'y en aura plus, il ne sera plus question de raison analytique.

      Quand on l'applique au mystère, comme on le fait souvent sans aucun égard à la substance même du mystère, on arrive à des résultats de valeur fort discutable.

      Comme un termite laborieux, mais incapable de véritable intelligence, la raison analytique creuse des galeries à l'intérieur de l'arcane et introduit partout des classes et des ordres, des divisions et des subdivisions, partout des petits «a» et des petits «b» pour classifier et trier le mystère.

      Un mystère isolé, criblé, poli, taillé, retouché, mesuré, examiné au microscope, comme n'importe quelle espèce de bactérie, est sans doute quelque chose de très intéressant, mais, peut-être, n'est plus un mystère.

      Son essence s'est évaporée, au cours de toutes ces opérations et on ne sent plus son parfum et sa caresse intime. En décomposant le mystère, en analysant séparément chacun de ses aspects, en faisant abstraction de son caractère existentiel, on arrive sans doute à démontrer sa prétendue absurdité, l'apparente contradiction qui en découle —ce qui est un travail précieux— mais, en même temps on risque d'escamoter la partie la plus vitale du mystère, l'espèce de tension dans l'unité, qui en fait une réalité vivante.

      Le Christ nous empêche de délier le mystère, ou le renvoyer au domaine idéologique, où toute sorte de tripotages sont possibles, parce que le Mystère est Lui-même et que ce qu'il nous demande est de nous abandonner entièrement à Lui. Le Mystère du Christ n'est pas une idée que l'on puisse diffracter en une pluie étrangement abondante de notions obscures; une doctrine que l'on prétend réduire à un ensemble de vérités plus ou moins crépusculaires.

      Il est le Mystère-personne, ou, si on le préfère, le Mystère en personne, le Mystère personnifié, le Mystère incarné.

      A propos de Lui on peut dire, sans doute, beaucoup de choses marginales ou périphériques —ce qui ne signifie pas du tout des choses banales ou méprisables.

      Mais ce Mystère-là échappe à toute prétention de recherche purement humaine.

      Vous qui croyez, vous qui ne croyez pas, n'oubliez jamais que la rencontre avec le Christ, c'est la rencontre avec le Mystère. Et pour le croyant et pour l'incroyant cette rencontre pose immédiatement le mystère.

      Même pour le positiviste le plus imperméable à l'esprit surnaturel de finesse, le cas du Christ est un cas à part, un cas unique, singulier, déconcertant.

      Il appartient à une sphère absolument inusitée.

      En face de lui, notre positiviste se trouve, certainement, un peu embarrassé, un peu mal à l'aise.

      Il cherche une posture commode, mais en vain, car avec le Christ il n'y a pas de posture commode.

      Le cas du Christ, on n'arrive pas à le classer parmi les affaires courantes.

      Si finalement on le fait, si on finit pour le mettre à côté de ceux des autres fondateurs de grandes religions, dans la même case que Mahomet et Bouddha, on reste quand même interloqué.

      On reste interloqué devant l'histoire énorme de ce crucifié qui a parlé comme d'autorité et avec une fermeté infinie, même à l'échafaud, des choses les plus divines et les plus incroyables pour une positiviste.

      Le croyant, celui qui a la Foi, ou qui croit et espère l'avoir, ne reste pas moins troublé, parce qu'il se rend compte de sa situation paradoxale.

      Il sait que sa sécurité est la plus sûre, en même temps que la plus compromettante qui puisse exister.

      Le Christ est un Maître exigeant, qui ne se contente pas de gestes extérieurs, de rites pharisaïques.

      Il n'accepte que rien —chose ou personne— lui fasse concurrence.

      Il ne vous laisse même pas le temps d'aller enterrer vos morts.

      Il est vraiment «la porte étroite et le chemin resserré».

      Il n'offre pas de clartés faciles.

      Il exige que l'on croie à Lui avec tout son être, une fois qu'on a accepté qu'il soit le Seigneur, même si on ne comprend pas grand-chose aux détails.

      Il demande l'acte de Foi avec empressement comme à Marie, à Béthanie.

      Une fois qu'on est entré dans la lumière de ce mystère on sait qu'on ne retombera jamais entièrement dans la grisaille.

      Mais on sait aussi qu'on sera obligé souvent de livrer des batailles dans la nuit.

      La rencontre avec le Christ place donc l'homme entier en face du Mystère.

      Même si l'on s'y refuse, même si l'on prétend l'ignorer ou le dissimuler, ou le tempérer, ou le déformer, ou le dompter, le Mystère est là, dans la personne du Christ.

      Les historiens athées, les philosophes sceptiques, feront de leur mieux pour faire entrer le Christ dans leurs catégories. Mais inutilement.

      Les pouvoirs de ce monde, les rois et les princes de ce monde feront tout leur possible pour s'en emparer, pour domestiquer aussi le Mystère du Christ.

      Pour l'introduire dans leurs catégories politiques, et même, pour s'en servir à leur aise, tout en se proclamant parfois ses plus loyaux serviteurs.

      Mais le Mystère du Christ restera toujours hors de cet horizon, toujours au-delà de n'importe quelle espèce de catégories humaines.

      Evidemment il y a une façon de simplifier le Mystère du Christ qui consiste à n'en prendre qu'une seule partie, celle qui nous paraîtra la plus facile ou la plus claire.

      Le Mystère du Christ est, néanmoins, une montagne à double pente qui ne se laisse pas parcourir sur une seul versant.

      Il est un agneau qui a deux têtes, qui sont comme l'avers et le revers de tout ce qui existe.

      C'est pour cette raison qu j'ai dit que le Mystère du Christ est le noeud du mystère.

      Si le Christ était seulement le Seigneur de l'Eternité, cela on le comprendrait et on s'inclinerait volontiers, car, au fond, on ne sait pas grand-chose de ces histoires d'Eternité. C'est l'esprit d'incroyance qui le dit.

      S'il était seulement le Seigneur du Temps et de l'Histoire, cela on le comprendrait aussi parce que l'on en a déjà connu d'autres qui ont prétendu la même chose, bien qu'ils n'aient jamais réussi, et on ferait de Lui un grand roi, un «leader», comme les Juifs l'ont prétendu faire un beau jour.

      Mais qu'Il soit en même temps le Seigneur de l'Eternité et celui de cette chose malhonnête et sordide, de cette écume sale et sans consistance, qu'est l'Histoire, voici ce que l'esprit d'incroyance n'arrive pas à digérer.

      Si le Christ était seulement le Pontife d'une Église invisible, d'une invisible Jérusalem, du Royaume de Dieu dans les âmes, de la cité cachée de tous ceux qui vivent en secrète communion avec Dieu... cela on le comprendrait et on s'inclinerait volontiers... parce qu'au fond c'est une prétention qui facilite beaucoup les choses et qui ne gêne personne.

      Mais qu'Il le soit aussi d'une Église visible, pas différente en réalité de l'Église invisible, une Église dans ce monde et pour ce monde, avec toutes sortes de départements, et de ministères, et de rouages administratifs, et de couleurs, et d'habits, et de petites grandeurs et de grandes misères.

      ...Une Église faite réellement du bois humain et de l'humaine étoffe... Voici ce que l'esprit d'incroyance considère comme une folie intolérable.

      Si le Christ était le grand maître de la sagesse, un grand savant, un grand philosophe, un profond connaisseur de la nature humaine, qui nous apprendrait à vivre selon les conseils d'une raison éclairée.

      ... Un sage qui parlerait un langage intéressant, parfois paradoxal, parfois, même, obscur et un peu mystérieux... cela on le comprendrait et on en serait heureux, parce qu'au fond, la raison aime toujours jouer avec un peu de mystère comme le chat avec la souris avant de la manger.

      Mais qu'il prétende nous parler en même temps que le langage de la raison et du bon sens, celui de la Croix, celui des béatitudes, celui du renoncement, et de la pénitence et de la mortification,

      Et du détachement

      Et du dénouement

      Et du dépouillement... voilà ce que l'esprit d'incroyance n'acceptera jamais, parce que c'est le double versant le plus scandaleux du mystère du Christ.

      S'il n'y avait que le Christ de la miséricorde infinie, le Dieu qui oublie et qui pardonne et qui aime ses poussins jusqu'à pleurer pour eux et qui a pitié des foules lasses et prostrées, comme des brebis qui n'ont pas de berger et qui promet un royaume de béatitude à ses fidèles, cela on l'accepterait de bonne grâce parce que personne n'échappe au charme d'une telle bonté.

      Mais que le Christ du pardon soit en même temps celui de la damnation...

      Que le Christ du paradis soit en même temps celui de l'enfer, celui qui dit «jamais je ne vous ai connus: écartez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité». Celui même qui dit: «Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel qui a été préparé pour le Diable et ses anges...».

      Voilà quelque chose que l'incroyant se refuse à admettre, parce qu'il la trouve supérieure à ses forces.

      S'il n'y avait que la Parole du christ, cela on le comprendrait assez bien et on l'accepterait de bon gré.

      Mais qu'il y ait aussi le silence, ce silence qui se tait toujours, ce silence qui ne dit rien du tout, voilà ce qui gêne et embarrasse.

      On aimerait entendre la parole du Père en face de ce monde.

      Au milieu de tant de misère, et de haine, et de calamités, et de stupidités... on aimerait entendre la parole tonnante du Père.

      Cette voix de tonnerre, mais, en même temps infiniment douce et paternelle, condamner le mal, et nous rassurer tous en nous disant:

      Â«Mes enfants, mes pauvres enfants. Moi, le Créateur, je ne suis pas d'accord avec cela».Mais comme, le Père, on ne l'a jamais vu ni entendu, comme il se tait toujours, on aimerait au moins que le Fils parlât davantage.

      Qu'il nous fit voir et entendre toutes sortes de signes et de consignes, de garanties et de sécurités, de grands miracles ou, au moins, de petits miracles un peu partout, pour nous dire que nous sommes toujours sur le bon chemin.

      Le silence du Christ, voilà ce qui nous gêne et nous scandalise.

      Et c'est pourquoi tant de gens religieux cherchent le bruit n'importe où ni à quel prix.

      En quoi ils se trompent, parce que le silence est beaucoup plus près du Mystère du Christ que le bruit.

      Parce que le silence est souvent la plus grande vérité que l'on en puisse dire.

      C'est, en effet, dans le silence et dans l'obscurité qu'on rencontre le vrai Mystère du Christ.

      Ici il ne s'agit pas d'une tâche intellectuelle. Il ne s'agit pas du tout de comprendre le Christ mais de l'aimer et de le suivre... Ce qui paraît plus simple mais en réalité est beaucoup plus difficile.

      Il ne s'agit pas proprement de prêcher, ni de prononcer des discours, ni d'élever des enfants, ni de bâtir des maisons, ni de gouverner les peuples.

      On peut-être il s'agit de tout cela mais en acceptant la nuit et en continuant à faire les mêmes choses qu'on faisait avant, non seulement en vertu du jour, mais aussi, et surtout, en vertu de la nuit.

      Par son Mystère, le Christ nous invite à entrer dans sa nuit.

      C'est un pèlerinage hasardeux et fort pénible, que très peu ont fait, à ce que nous sachions...

      Le pèlerinage des mystiques au centre du Mystère du Christ, que beaucoup ont, peut-être, entrepris; mais que très peu ont réussi à suivre jusqu'à ses dernières demeures.

      Au début, cela va.

      Cela va assez bien, parce qu'il y a les voix.

      Il y a l'appel qui vient je ne sais comment, l'appel à la sainteté que tout chrétien, et peut-être tout homme, a senti, je le pense, d'une façon ou d'une autre, à un certain moment de sa vie.

      Mais après les voix il y a souvent le silence, où l'on n'entend rien, ni dedans ni dehors.

      Ou, ce qui est encore pire, on n'entend que du bruit, l'ennui et la fatigue et la voix du Malin, c'est-à-dire la tentation du désespoir.

      C'est alors que les ténèbres deviennent réellement des ténèbres.

      Ou plutôt, une espèce de brouillard épais et infect, qui n'a rien de beau ni de poétique, quel que soit le côté par lequel on le regarde.

      On est tellement accablé, tellement brisé de fatigue et d'ennui, tellement ennuyé de l'existence, qu'on aimerait n'être nulle part et n'avoir jamais été nulle part. On aurait envie de se retourner vers les pauvres gens et de cracher sur eux: «Tant pis pour vous si vous avez faim; tant pis pour vous si vous avec soif. Que le bon Dieu vous aide, s'il est là et s'il veut s'en occuper».

      C'est la tentation du Malin. La tentation du désespoir et le blasphème du désespéré.

      Si l'on prétend échapper à cette situation par le divertissement, en s'appuyant sur le néant, on est radicalement perdu.

      Tandis que si on accepte humblement l'obscurité, si on préfère l'obscurité à la banalité, on est dans le bon chemin.

      Quand l'amour triomphe —et heureusement il triomphe souvent, à ce que l'on dit— il paraît que l'on commence à s'habituer à l'obscurité.

      Des étincelles jaillissent alors, clignotant un peu partout, dans le noir.

      D'une lumière étrange qui est comme le manteau d'argent de la nuit qu'on n'ose pas toucher de peur qu'il s'éteigne.

      Et le mystère commence à resplendir d'une lumière inattendue.

      C'est dans l'obscurité, dans la fatigue de l'oeuvre pénible et routinière, dans l'infirmité, dans les blessures de l'existence que l'âme trouve le Christ et son mystère.

      Ne le cherchez pas assis sur un fauteuil.

      Ne le cherchez pas à travers de parfaits syllogismes.

      Ne le cherchez pas dans la frivolité, ni dans le divertissement, même si c'est un divertissement théologique, car il y en a.

      Cherchez-le dans la contradiction.

      Et vous le trouverez, parce que le Mystère du Christ n'est dénié à personne, même s'il se fait parfois trop attendre.

      Et même si parfois, il semble disparaître, et se cacher entre les nuages, il revient toujours.

      Et il se présente à l'imprévu, dans une espèce de lucidité inattendue comme une épiphanie, comme une transfiguration à l'intérieur de l'âme.

      C'est alors que «la maison est apaisée» que le «Roi du Salon obscur» se communique à notre esprit «dans le noir et en cachette».

      C'est alors qu'on comprend pourquoi le Roi ne se montre pas dans le jour.

      Â«Tu ne pourrais pas le supporter. Ma présence te remplirait d'une angoisse profonde et désolante».

      Et l'âme de répondre:

      Â«Mon Seigneur de l'obscurité. Mon cruel, mon terrible, l'unique. Tu es infiniment aimable même dans ta colère»[1].

      Les plus grands mystiques chrétiens et certains qui ne le sont pas —ou le sont sans le savoir— ont chanté cette rencontre admirable de l'âme avec le Mystère du Christ.

      Mais pour moi, qui ne suis pas du tout un mystique, la rencontre avec le Mystère du Christ a lieu sur un plan infiniment plus humble.

      Il est tristement poétique de contempler le Christ dans le Jardin des Oliviers. Mais il faut que chacun de nous aille le chercher à son propre petit Jardin des Oliviers et qu'il le retrouve là.

      C'est quand Il dit: «Mon âme est triste à en mourir» que le Christ me paraît le plus prés de nous.

      Car même s'il continue à y être terriblement fort, il a, à ce moment, l'air d'être faible, comme nous le sommes.

      Le Mystère du Christ est pour chacun des hommes la révélation de son propre mystère.

      Ici, comme ailleurs, le mot de Pascal est profond: «Nous ne nous connaissons nous-mêmes que par Jésus-Christ.

      Nous ne connaissons la vie, la mort, que par Jésus-Christ. Hors de Jésus-Christ nous ne savons ce que c'est, ni que notre vie, ni que notre mort, ni que Dieu, ni que nous-mêmes».

      C'est donc, dans le Mystère du Christ que notre propre mystère nous est révélé.

      Cette affirmation présente donc un autre aspect de notre sujet, qui me paraît aussi important.

      A mesure que l'on se laisse envahir par le Christ, que l'on s'adonne à Lui d'une façon plus réelle, plus authentique, il est plus vrai de dire:

      Â«Le Mystère du Christ est aussi mon mystère».

      Le Mystère du Christ n'est donc pas seulement le mystère des mystères, le ralliement des mystères, le noeud vital qui leur empêche de se séparer, il est la révélation du mystère que nous sommes.

      Et il est encore —et c'est mon dernier point de vue, je me résume, — Il est l'aliment de notre action, un mystère-dynamisme, où on se retrouve avec l'Humanité entière.

      Car l'amour ne demeure jamais inactif ni solitaire.

      La rencontre de l'âme avec le Christ n'a pas lieu proprement dans la solitude, mais dans l'abondance de la communication.

      Si l'on regarde attentivement dans la pénombre, on constate que le Christ n'est jamais seul.

      Il est, par contre, accompagné de tous ses saints et de toutes espèces d'hommes et de femmes misérables, des affamés, des déclassés de toutes sortes. C'est, peut-être, la même foule dont le Christ a eu un jour pitié.

      Ã€ l'intérieur de cette masse, apparemment amorphe, on découvre les pauvres, et les doux, et les affligés de toute espèce.

      Et ceux qui ont le coeur pur.

      Et ceux qui font miséricorde.

      Et ceux qui aiment la paix et qui détestent la violence.

      C'est dans la nuit que l'on trouve tous ces gens-là. Cette nuit est pleine de monde.

      Et l'on y est vraiment affairé.

      Car là aussi il faut donner à manger et à boire.

      Mais comment pourrait-on les alimenter...

      Comment pourrait-on les abreuver...

      Si on ne recevait d'en haut l'aliment et la boisson?

      Le Mystère du Christ ne conduit pas à la passivité, à la fausse contemplation des quiétistes.

      Il ne conduit pas au dédain de l'existence.

      Ni à l'angoisse

      Ni à la nausée.

      Le Mystère du Christ est aliment et boisson, abondant pour tous ceux qui aiment vivre.

      Il donne la vraie joie de vivre.

      La joie, c'est là qu'il faut aller la chercher dans l'humilité.

      Par son Mystère le Christ nous invite à entrer dans sa nuit.

      Une nuit illuminée par un manteau d'argent.

      Par son Mystère, le Christ nous invite à boire de cette fontaine bien ombragée qui est Lui-même.

      La seule fontaine que l'on puisse trouver dans la nuit de la vie, «la seule qui sourd et coule malgré la nuit».

 

 

[Notes]

 

[1] La Roi du Salon Obscur de Rabindranath Tagore.

 

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